Collaborative fact-checking of : La fabrique de l'ignorance | ARTE

Dans le nord de la Grèce comme dans la plupart des pays développés, une hécatombe frappe les colonies d'abeilles

On a cherché ce qui était nouveau dans les pratiques agricoles et ce qui avait changé c'était l'utilisation en forte hausse de pesticides d'une famille particulière qu'on appelle les néonicotinoïdes.

Dès lors que ces nouveaux produits [les néonicotinoïdes] sont arrivés dans les cultures, les abeilles ont commencé à disparaitre en masse.

Deuxième temps la colère monte chez les défenseurs des abeilles

Dès le début des années 2000, des rapports d'expertise publics ont démontré les effets toxiques des néonicotinoïdes à très faibles doses sur les abeilles.

Les premières études [de la toxicité des néonicotinoïdes sur les abeilles] ont été corroborées.

A partir du moment où on a vu ces troubles des abeilles apparaître, il y a eu peut-être 4 à 5 fois plus de recherche sur les causes alternatives aux pesticides.

[ A propos du varroa tuant les abeilles] Seulement voilà, le varroa ça fait 40 ans qu'il est là, ça ne fait pas 20 ans.

il n'y a pas de conclusion, ni dans un sens ni dans l'autre. On ne peut pas conclure.

Pour comprendre il faut retourner dans les années 50. C'est l'époque où le tabac est vécu dans la plus grande insouciance.

En décembre 1953, une nouvelle fait grand bruit : des chercheurs viennent de provoquer un cancer chez des souris en les badigeonnant de goudron de cigarettes.

Au début des années 50, les preuves que le tabac cause le cancer du poumon étaient accablantes.

Alors les dirigeants de toutes les grandes compagnies [du tabac] se sont réunis à New York.

[Déclaration des industriels du tabac en 1953] "Nous nous engageons à aider la recherche sur le tabac et la santé. A ce titre nous créons ensemble le comité de recherche de l'industrie du tabac."

Au lieu de pourfendre la science qui accable le tabac, les cigarettiers investissent massivement dans des laboratoires de recherche.

[à propos de la mise en place de centres de recherches par les entreprises du tabac] On utilise la méthode scientifique contre la science établie.

Ils ont financé ce que j'appelle des recherches de diversion.

l'idée par exemple c'était de financer des recherches sur la relation entre le radon et le cancer du poumon.

[les recherches des cigarettiers] ... ou entre l'amiante et le cancer du poumon.

Parce que c'est vrai radon et amiante provoquent bien le cancer.

[les recherches de l'industrie du tabac] On recherche par exemple le cancer du poumon chez les non-fumeurs, on cherche le rapport avec son lieu de résidence, avec les conditions de travail, avec les habitudes personnelles...

Il faut dire, il y a plein de causes à tout. [...] Le but c'est de dire qu'on ne peut pas établir la cause.

ils mentent même sous serment, ils savaient que la nicotine était addictive.

Tous ces documents c'était quelques milliers de pages au départ et maintenant il y en 93 millions.

Parmi ces documents une note interne de 1969 résume à elle seule ce que l'industrie du tabac avait décidé de produire : "Le doute est notre produit car c'est le meilleur moyen de concurrencer l'ensemble de faits présents dans l'esprit du public".

Sans le scepticisme, sans le doute argumenté la science ne peut pas fonctionner.

Pour disséminer le doute l'industrie du tabac employait une armée de scientifiques, ainsi qu'un bataillon de porte-paroles envoyés devant les caméras.

Prenons le DDT, un insecticide miracle que l'on répandu partout après guerre.

[A propos de Alvan Feinstien] Il a dénigré l'épidémiologie d'une manière absolument brutale. Il est venu à cette réunion pour dire que l'épidémiologie c'était que du pipeau, qu'il n' y avait pas de bonnes pratiques en épidémiologie.

les dirigeants disent : "la bonne stratégie offensive serait d'envoyer nos consultants sur le terrain pour tenter de corriger l'épidémiologie"

[les effets de doses très faibles de bisphénol A] La communauté des toxicologues ne l'a pas accepté.

Ce produit chimique génère aujourd'hui 2,4 millions de $ de bénéfices par heure.

On était furieux qu'ils pensent pouvoir acheter notre silence.

Sa conclusion [ de Frederik vom Saal] : l'effet du bisphénol A à très faible dose est confirmé par 93% des études publiques mais par aucune des études financées par l'industrie.

Ce jour là l'interdiction ne concerne qu'un seul perturbateur endocrinien, présent dans un seul article, vendu dans un seul pays.

Le commanditaire de ce texte [l'appel d'Heidelberg] on le connait aujourd'hui : c'est l'industrie de l'amiante.