Collaborative fact-checking of : Drogue hallucinogène pour booster la spiritualité ? | RTS

Si je vous vois comme des algues ça me suffit, vous comprenez. J'ai envie de reculer dedans, moi. Oui, oui, ces gens sont bien sous l'influence de la drogue. Et si je vous dis qu'il existe un lien entre ces gens en plein trip sous LSD et Dieu, ça vous étonne ? Si je pose la question, c'est qu'il paraît qu'un trip sous psychédélique peut changer notre rapport au monde sur le long terme. Pour une vie plus spirituelle en accord avec soi-même et avec son système de valeurs. L'être humain aime faire des bonnes choses. C'est du moins ce que montrent les études récentes. Mais comment c'est possible ? Est-ce que Dieu est une création des champis ? Est-ce que ça veut dire qu'on peut prendre ces substances sans risques ? Non ! Pour comprendre l'impact de certaines drogues sur notre spiritualité on va essayer de saisir ce que sont les psychédéliques et comment ils agissent sur notre cerveau. Et si vous restez jusqu'à la fin de cet épisode vous entendrez le témoignage de Benoît qui nous décrit son voyage sous ayahuasca. Imaginez un jour vous décidez de vous faire un trip aux champis. Le lendemain de l'expérience vous vous réveillez et d'un coup le monde vous paraît un peu différent. Là, devant vos œufs au plat, vous réalisez l'existence de Dieu. Et puis vous imaginez que les choses qui vous entourent sont habitées d'une conscience. Hier, vous claquiez votre salaire en trucs inutiles. Aujourd'hui, les questions matérielles n'ont plus d'importance pour vous. Un peu comme si vous aviez reçu une grande dose de sagesse. En vérité, l'être humain a fait de meilleures bonnes choses que de mauvaises choses. OK, on force un peu le trait mais les études sur les croyances le montrent un trip aux psychédéliques rendrait moins matérialiste et plus spirituel. Les chiffres sont formels. Presque deux fois plus de personnes croient en Dieu ou en une puissance supérieure après une seule prise de psychédéliques. Même tendance pour les gens qui croient en la vie après la mort et pour celles qui pense que les plantes ont une conscience. Et la plupart disent aussi avoir reçu un message pendant leur voyage. Par exemple, le fait que la mort n'est pas la fin ou que toutes les personnes sont connectées. Ça peut paraître un peu perché, tout ça. Mais cette pensée plus large plus connectée à un grand tout elle a un impact sur la vie des individus. Elle adoucit le rapport au monde et améliore la santé mentale. En Suisse les psychédéliques sont interdits mais certains spécialistes sont autorisés par l'Office fédéral de la santé publique à pratiquer la psychothérapie assistée par psychédéliques. Vous ne rêvez pas c'est bien une séance sous substance encadrée par un psy. Encadrée parce que C’est très important l’accompagnement parce qu'on n'est pas dans une rave party. Lui, c'est Jacques Besson psychiatre et addictologue. On doit contrôler la qualité du produit sa quantité la nature de l'accompagnement, l'intention. Le but est exclusivement thérapeutique et les spécialistes ne peuvent utiliser des psychédéliques que dans des cas bien précis. Comme l’alcoolisme ou la dépression qui résistent aux traitements. Ainsi que dans des cas de traumatismes psychiques graves. Il est révolu le temps où on pouvait prendre du LSD n'importe où, n'importe quand et même sur un plateau TV. Je me sentais comme dans un aquarium c’est vrai voltiger d’algue en algue. Mais en fait, les psychédéliques, c'est quoi ? Avant de parler des psychédéliques on va se faire un petit point sur les drogues. Il en existe trois catégories les dépresseurs comme l'alcool. Loulou, viens boire un verre. Les opiacés. Gentil coquelicot, mesdames. Et les narcotiques. Ils engourdissent le cerveau et donnent envie de dormir. Les stimulants, c'est par exemple le café, la cigarette la cocaïne ou les amphétamines. Eux, ils produisent de l'excitation et un sentiment de toute puissance. Et la troisième catégorie dont font partie les psychédéliques ce sont les perturbateurs. Il y a les champignons. Oh là, regarde moi, ce joli bolet! Euh plutôt ceux-ci en fait! L'ayahuasca certains cactus comme le peyotl et bien sûr... ...le LSD. Découvert par le chimiste suisse Albert Hofmann en 1943. Oui, le papa du LSD est suisse. À la différence des deux premiers groupes il est très rare que les perturbateurs provoquent une addiction. Tous les psychédéliques activent le même récepteur dans le cerveau ce qui provoque une désorientation et une déformation des perceptions. Bref, des hallucinations. Lorsqu'ils génèrent une expérience spirituelle on les appelle aussi des psychédéliques enthéogènes. Théo, Dieu, Dieu, Théo, vous l'avez ? Et leur utilisation n'a rien de nouveau. Il y a 2000 ans on consommait déjà de l'ergot de seigle ce champignon parasite de la céréale pour entrer en contact avec le divin. Mais qu'est ce qui se passe à ce moment-là dans notre cerveau ? Quand on prend des psychédéliques c'est un feu d'artifice dans notre cerveau. Ils génèrent une augmentation générale de l'activité cérébrale et ils permettent aussi une meilleure connexion entre l'hémisphère gauche, responsable de la parole et de l'analyse et l'hémisphère droit qui est lié aux émotions, à l'esthétique et à la spiritualité. Et aussi une augmentation de la plasticité neuronale. C’est-à-dire la possibilité de réorganiser les connexions et les réseaux de neurones. Oui, oui, oui, là je crois que c’est bon. Et dans le ressenti, ça donne ça. Avec Benoît qui nous raconte son voyage sous ayahuasca. C'est un petit breuvage absolument dégoûtant, hideux, qu'on absorbe. Et ça a duré un certain temps. Ce n'était pas du tout confortable. Et après s'en est suivi un état de conscience modifié qui s'est apparenté pour moi à quelque chose d'une espèce d'immense éveil où tout un sens. absolument tout devient sensé. Whaou, ah ouais ! Si j'ai vécu ceci, cette souffrance cette étape difficile dans ma vie je peux le comprendre de telle manière. OK, ça m'a permis d'aller sur cette étape-là. Enfin, voilà. Et ce qu’il garde de cette expérience : Ce sentiment que nous sommes reliés. Le sens et le lien c'est justement la définition que donne ce psychiatre de la spiritualité. La spiritualité, c'est un besoin naturel et universel de tous les humains qui est religieuse ou non. Et plus on crée des liens et plus on donne de sens plus on a une spiritualité vivante qui nous permet de mieux vivre avec les autres humains et dans ce monde. On peut dire qu'il y a dans cette activité boostée par les psychédéliques enthéogènes. Vous avez une activité psychique qui est hyperactive pendant quelques heures et qui augmente la vue d'ensemble, qui augmente le sens qu'on peut percevoir dans le monde et dans les relations ou dans les mémoires que l'on a. Et cette augmentation du lien et du sens dans le fond est un effet spirituel par définition. Puisque la spiritualité est une quête de lien et de sens. D'ailleurs, l'imagerie cérébrale a montré des similitudes entre le cerveau d'une personne qui prie ou qui médite et celui d'un consommateur de psychédéliques. Les mécanismes qui sont en jeu ne sont pas exactement les mêmes mais on assiste dans les deux cas à une activité de conscience augmentée, élargie et plus cohérente. La région de notre cerveau qui est responsable du sentiment d'être positionné dans l'espace, est inhibée ce qui donne ce sentiment océanique Des sirènes à la piscine. comme une impression de former un tout avec l'univers. Alors, est ce qu'il suffit de consommer ces substances pour devenir plus spirituelles ? Dans le cas de Benoît la prise de l'ayahuasca a servi d'accélérateur dans sa recherche de sens global. Aujourd'hui, sa spiritualité elle se nourrit autrement. Maintenant que j'ai pu vivre beaucoup de ces expériences je me rends compte que ce n'est plus du tout une recherche pour moi. Mais j'ai au contraire un appétit de sobriété. Je vis des longues périodes de complète sobriété. Je ne consomme plus d'alcool plus aucune substance qui viendrait altérer ma perception du réel. Pour être encore plus en contact avec ces ressentis qui me traversent. Les études tendent à montrer que les psychédéliques ont une vraie influence sur l'ouverture à la spiritualité des individus. Mais les psychédéliques c'est comme les antibiotiques c'est pas automatique. Pas nécessaire d’en consommer pour développer sa spiritualité. Et surtout, à notre connaissance ni Gandhi, ni Mère Teresa ni même Jeanne d'Arc ne carburait aux champis. Enfin, pour Jeanne d'Arc, on n'est pas sûr. Et même pour les personnes qui optent pour les psychédéliques, ceux-ci ne font pas tout. Le cadre... Il faut être accompagné. ... et l'intention sont aussi importants que le voyage en lui-même. Et ça, ça peut venir que de nous. L'étincelle est en toi. Et vous, vous en pensez quoi ? C'est quoi votre ingrédient secret spirituel ? Dites-le nous en commentaire.