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Dans les deux précédentes vidéos on a dit grosso-modo deux choses sur le pétrole : D’abord, il est impossible de prédire son prix futur en regardant l’historique des prix passés. Cela pose un sérieux problème car les entreprises ne peuvent pas utiliser la forme de la courbe de prix pour anticiper l’avenir. Ainsi, le scénario qui stipule que le pétrole, de plus en plus rare, deviendra graduellement de plus en plus cher, ce qui permettra aux entreprises de se projeter et donc, de petit à petit inventer des alternatives, est complètement faux. Ouais alors concrètement… Ça ne veut pas dire que le pétrole ne sera jamais cher hyper cher sa mère, ça veut simplement dire qu’il n’y aura pas hausse graduelle. On pourrait tout à fait se taper un pétrole à 300 dollars mais ça arriverait plutôt d’un coup comme ça que petit à petit. C’est ça ? Exactement. Deuxième point : les mécanismes qui sont à la base des fluctuations de prix sont tellement complexes, que la valeur de l’or noir peut tout à fait ne jamais atteindre de sommet alors même que la ressource s’épuise inexorablement. Ouais alors ça… J’ai beau me souvenir qu’on en a parlé… Même maintenant j’arrive toujours pas à intégrer la logique de ce truc… Si c’est plus rare c’est forcément plus cher ! Et non… Je te laisse retourner voir la vidéo pour te rafraichir la mémoire. Aujourd’hui, on va parler d’un autre problème qui risque bien de mettre fin au pétrole en tant que source d’énergie avant même que les ressources ne s’épuisent. Le pétrole, le gaz et le charbon sont les principales sources d’énergie qui font tourner nos économies. On en a déjà parlé dans cet épisode. La majorité des macro-économistes ne sont pas convaincus par l’importance de l’énergie dans la création de richesses. Il n’empêche que physiquement, sans énergie on ne peut rien produire. Tant que le fonctionnement de nos économies repose sur des marchandises et autres infrastructures qu’il faut fabriquer, entretenir et remplacer on aura besoin d’énergie pour y arriver. Maintenant le problème c’est qu’on a aussi besoin d’énergie pour aller chercher le pétrole, le gaz et le charbon qui nous servent ensuite de carburant. Autrement dit, quand on prélève de l’énergie dans l’environnement, on ne peut pas tout utiliser pour créer des richesses, il faut garder un peu d’énergie de côté pour aller chercher celle du tour d’après. OK on doit réinvestir une partie de l’énergie qu’on extrait dans la filière « extraction d’énergie » quoi. Exactement ! Et la grande question devient… Combien d’énergie il faut réinvestir ? Et oui… Quand un baril de pétrole est extrait de la croute terrestre, on ne peut pas utiliser 100% de ce pétrole pour en faire du carburant pour nos voitures, il faut penser aux foreuses, aux pompes, aux pétroliers, aux pipelines et aux raffineries qu’il faut alimenter en énergie pour que la filière continue de nous approvisionner. On parle alors de Taux de Retour Energétique ou TRE. Pour un baril investit dans l’industrie pétrolière, combien de baril on récupère pour faire tourner le reste de l’économie. Or, ce taux de retour énergétique va nécessairement finir par diminuer. Plus le pétrole est enfouit profondément, plus l’investissement énergétique pour aller le chercher est important et donc, moins il reste d’énergie pour l’économie. Sauf que… Le progrès technique… Les nouvelles technologies tout ça… Alors oui mais non… La quantité d’énergie minimale nécessaire pour aller chercher un baril de pétrole à une certaine profondeur est invariable. Elle est définit notamment par la constante gravitationnelle de la planète, par la profondeur et le volume du puit ainsi que par la densité du pétrole. En revanche, la quantité d’énergie dont on a effectivement besoin elle, dépend en plus de l’efficacité de nos techniques d’extraction, de transport, de raffinage etc. Donc quoi… Ca dépend de la profondeur du bordel et de l’efficacité de nos machines ? C’est ça. Quand on donne à manger de l’essence à un moteur de voiture, seulement 30% de la chaleur de l’explosion sert à faire avancer la voiture, les 70% restants sont perdus sous forme de chaleur par des effets de frottements ou simplement dans la fumée des gaz d’échappement. Il y a donc deux choses, l’énergie minimale nécessaire et incompressible pour aller chercher le pétrole, et l’énergie supplémentaire qui correspond à la relative efficacité de nos machines. La deuxième composante peut, dans une certaine mesure, être réduite grâce au progrès technique mais pas la première. D’accord… Mais ptet que l’amélioration des moteurs va compenser le fait que le pétrole est enfouit toujours plus profondément ? Si l’énergie minimale augmente mais que l’énergie perdue diminue, les deux se compensent et le TRE reste le même. Oui mais en fait non. D’abord la deuxième loi de la thermodynamique nous dit qu’un moteur 100% efficace est impossible. Il faut toujours qu’il y ait une perte d’énergie sous forme de chaleur sinon le moteur s’arrête. Je t’ai mis en description une vidéo de Monsieur Bidouille qui explique très bien ce principe. Donc il ne faut pas s’attendre à un progrès technique fulgurant qui viendrait résoudre tous nos problèmes. Il y a quand même des lois physiques à respecter. Ensuite, même si tu pouvais faire des moteurs efficaces à 99%, tôt ou tard, la composante irréductible de l’énergie nécessaire lié au fait que le pétrole est enfouit toujours plus profondément viendrait rattraper les gains d’efficacité. Donc le TRE du pétrole est voué à se diminuer un jour l’autre, quoi qu’il arrive. Ouais mais du coup la question c’est quand ? Si ça se trouve il nous reste encore plein de belles années devant nous avant que le TRE du pétrole ne diminue ! Et bien il semblerait que non. Avant d’aller plus loin, il faut savoir que calculer un TRE c’est complexe : est-ce qu’on prend en compte l’énergie utilisée par les pompes à pétrole, et des raffineries, et des pétroliers ? Ou simplement une partie de tout ça ? Est-ce qu’on compte aussi l’énergie nécessaire à la fabrication de toutes ces installations et machines ? Et puis, est-ce qu’il ne faudrait pas aussi inclure l’énergie utilisée par les gens qui travaillent dans la filière ? Egalement, comment va-t-on recueillir les données ? Les entreprises n’ont pas nécessairement de registres consignant la quantité d’énergie dépensée par type d’activité et si elles en ont, elles ne voudront pas forcément que les chercheurs les consultent. Tout ça pour dire que tous les TRE ne sont pas les mêmes et surtout que les méthodes de calculs sont parfois approximatives. OK… Du coup t’es en train de me dire qu’on ne peut pas faire confiance aux données de TRE ? Disons simplement qu’il ne s’agit pas de données facilement mesurables, loin de là. Cela dit, les chercheurs semblent plutôt d’accords entre eux alors je te montre quand même ce graph. On y voit le résultat du calcul effectué sur le TRE de la filière « pétrole et gaz » au niveau mondial. Ce résultat montre que l’efficacité énergétique de la filière diminue malgré les améliorations techniques. On est passé de 1 pour 30 avant les années 2000 à 1 pour 18 en 2009. Certains chercheurs estiment même que le TRE de la filière était de 1 pour 100 au début du 20ème siécle. OK donc à priori, mais c’est à mettre entre guillemets, on doit investir de plus en plus d’énergie dans la filière pétrolière afin qu’elle nous fournisse de l’énergie ? Et ce serait lié au fait que malgré les améliorations techniques, on doit aller chercher le pétrole toujours plus profondément sous terre. C’est ça. Mais ce n’est pas simplement la profondeur des puits qui est en jeu. Il faut aussi tenir compte des pétroles dits « non-conventionnels » qui sont plus difficiles à extraire par nature. Par exemple les gisements de pétrole de schiste ne sont pas de simples réservoirs dans lesquels on peut insérer un tuyau et pomper le pétrole, ce sont plutôt des petites poches plus ou moins éparpillées sous la surface. Il faut injecter directement dans le sol de l’eau, du sable et des produits chimiques pour fracturer la roche et faire remonter le pétrole. Cela nécessite plus d’infrastructures et donc coûte plus d’énergie que de forer un simple trou et de faire fonctionner une pompe. Autre exemple, le pétrole extra lourd appelé sable bitumineux. Son exploitation ressemble plus à une activité minière. Il faut d’abord creuser la terre, puis prévoir d’immenses camions pour ramasser le sable auquel est mélangé le pétrole, et puis ensuite il faut énormément de gaz naturel pour faire chauffer ce mélange afin d’en extraire le précieux liquide. Tout cela coûte également beaucoup plus d’énergie qu’un simple trou à forer. On peut le voir sur ce graphique qui reprend les TRE des différentes sources d’énergie thermiques. Le taux de retour énergétique du charbon est encore très élevé, autour de 1 pour 46. Alors attend parce que du coup… 1 pour 46 ça veut dire quoi dans le cas du charbon… Y a pas de baril de charbon alors quoi ? 1 kilo de charbon investi pour 46 kilos récupérés ? Oui c’est un ratio donc tu peux raisonner en kilo, en tonnes, en barils ou en ce que tu veux. Comme tu peux le voir, pour l’ensemble de la filière pétrole et le gaz on a une estimation différente de ce que donnait la dernière étude à 1 pour 21 au lieu de 1 pour 18. Cela reste quand même assez proche. Mais si on s’intéresse spécifiquement aux pétroles non conventionnels, on voit bien que les ratios sont beaucoup plus bas : 1 pour 8 dans le cas du pétrole de schiste et 1 pour 4 dans le cas des sables bitumineux. Or, voilà à quoi ressemble l’évolution de l’offre mondiale de pétrole. En noir c’est le niveau d’extraction du pétrole conventionnel et en rouge ce sont les pétroles de schistes et les pétroles bitumineux. On voit bien que le niveau d’extraction du pétrole conventionnel est oscillant mais la tendance est stagnante depuis 2004 tandis que ce sont les pétroles non conventionnels qui permettent à l’offre mondiale de continuer d’augmenter. Problème, les TRE des pétroles non conventionnels sont très bas : encore une fois, 1 pour 8 pour le pétrole de schiste et 1 pour 4 pour les sables bitumineux. Donc c’est la double peine : non seulement le pétrole conventionnel est à aller chercher toujours plus profondément, mais en plus, parce qu’on n’arrive plus à en trouver assez, il faut combler le manque avec des pétroles relous qui coûtent encore plus cher en énergie. T’as tout compris. Un petit bémol tout de même. L’échelle de mon graphique permet de bien voir l’évolution de l’offre liée aux pétroles non conventionnels. Cela dit si on replace le 0 sur l’axe des ordonnés voilà à quoi ça ressemble. Autrement dit, on est encore loin d’un scénario dans lequel les pétroles non conventionnels forment la majorité de l’offre mais on en prend quand même la direction. OK je vois… J’avoue que j’avais pas fait gaffe… Par contre il y a un autre truc que j’ai vu… Si on revient sur ton graphique des TRE là… Finalement, le TRE global du pétrole et du gaz c’est du 1 pour 21 ce qui veut dire à peu près : 5% de pétrole pour la filière pétrolière et 95% pour le reste de l’économie. Ouais c’est ça. Mais alors ça veut dire qu’à 1 pour 8, le pétrole de schiste nécessite un investissement de 12.5% mais nous permet de garder 87.5% de l’énergie pour faire tourner le reste de l’économie, et même les sables bitumineux finalement à 1 pour 4, ça fait que 25% de l’énergie réinvestie et 75% pour faire tourner le reste du monde. Bah ça me semble pas être des taux si dégueux… Il est où le problème ? Tu rigoles ! 75% ça n’a rien à voir avec les 95% actuels ! Imagine… si c’était ça le taux de retour énergétique mondiale ça voudrait dire qu’en moyenne une machine sur 4 servirait à aller chercher l’énergie nécessaire pour alimenter l’ensemble. Un quart de l’économie consacrée à aller chercher de l’énergie… Ca ne laisse pas beaucoup de place pour la santé, l’agriculture, les télécom, les transports, le tourisme, les loisirs, la finance, la politique, le droit, la recherche, etc. Ah ouais j’avais pas vu ça comme ça… Plus le secteur énergétique perd en efficacité, plus il prend de la place dans notre économie, donc moins on peut se consacrer à d’autre activités. Exactement ! Et clairement une société industrielle aussi diversifiée et complexe que la nôtre ne peut pas persister sans une source d’énergie abondante présentant un très fort taux de retour énergétique. Donc encore une fois ces deux graphiques mis côte à côte sont très problématiques. Les TRE des pétroles non-conventionnels sont faibles pourtant, ils sont en train de prendre de plus en plus de place dans l’offre mondiale de pétrole. Ouais effectivement je vois bien problème là. Sans compter que le raffinage des pétroles non conventionnel pose différents problèmes. Le principal étant que les raffineries classiques ne sont pas vraiment capables de les gérer. C’est pour cela notamment que, alors même que les Etats-Unis sont désormais numéro 1 mondial de l’extraction de pétrole, ils n’utilisent directement que 26% de ce qu’ils extraient. Attend quoi ? Les américains n’utilisent que ¼ de leur production de pétrole ? Oui et non. En fait, comme tu peux le voir sur ce graphique, le pétrole US est aujourd’hui essentiellement composé de pétrole de schiste non conventionnel, un pétrole très léger. Du coup, la plupart des raffineries du pays n’est pas capable de gérer la transformation de cette matière première. Il y a un énorme chantier de mise à niveau des installations de raffinage à prévoir. De plus, parce qu’il est trop léger, le pétrole de schiste ne permet pas d’obtenir certains dérivés recherchés comme le kérosène, le gasoil, le fioul domestique et le fioul lourd. Pour régler ces deux problèmes : raffinerie trop ancienne et dérivés impossibles à obtenir, les américains doivent mélanger leur pétrole de schiste avec des pétroles plus lourds qui peuvent notamment être fournis par le Venezuela et le Canada. L’autre solution c’est simplement d’exporter le pétrole de schiste et d’importer du pétrole conventionnel à la place. Oh putain le Venezuela… Il se passe pas mal de trucs là-bas en ce moment ! Ouais, et tu peux être sûr que le problème pétrolier américain fait partie des enjeux. Bon alors finalement… Le TRE du pétrole est surement déjà en train de se casser la gueule et ça va continuer… Donc il va bien falloir qu’on abandonne cette source d’énergie. Exact ! Voilà qui permet de mettre en perspective une citation attribuée à l’ancien ministre du pétrole de l’Arabie Saoudite Ahmed Yamani (1962 à 1986) : « l’âge de pierre n’a pas pris fin à cause d’un manque de pierre, tout comme l’âge du pétrole ne prendra pas fin à cause d’un manque de pétrole ». Si ce n’est pas la limitation des émissions de CO2 ou le pic pétrolier qui nous impose la réduction de l’utilisation du pétrole comme source d’énergie primaire, cela pourrait bien être un trop faible taux de retour énergétique. Et alors le prix du baril dans tout ça… Si le TRE du pétrole diminue petit à petit qu’est-ce que ça veut dire pour le prix ? Et bien c’est toujours la même réponse : c’est imprévisible. L’activité économique mondiale est aujourd’hui largement basée sur des flux physiques de production et de transport de marchandises. Ainsi, la croissance économique ou même simplement le maintien d’une certaine activité économique, dépend de l’accès à une énergie primaire abondante et présentant un fort TRE. Dans un monde qui resterait complétement dépendant du pétrole, une baisse du TRE de ce dernier signifie très certainement, à partir d’un certain niveau, une contrainte d’approvisionnement en énergie pour certains secteurs d’activité et donc une crise économique majeure. Cela dit, à cause des boucles de rétroactions dont on a parlé dans l’épisode précédent, difficile de prédire quoi que ce soit d’autre. Comment évolueront les aspects techniques, logistiques et politiques qui forment l’offre de pétrole ? Et comment évoluera la demande ? Et surtout, comment les financiers vont interpréter ces données ? On pourrait imaginer tout et n’importe quoi. Et même si le TRE du pétrole atteignait un niveau critique alors que le monde s’était déjà largement tourné vers une autre source d’énergie et bien l’incertitude serait tout aussi grande. L’offre sera-t-elle au-dessus de la demande ou l’inverse ? Comment les financiers interpréteront la suite des évènements ? Impossible de le dire… Tout ce qu’on peut anticiper c’est que le prix du pétrole devrait fluctuer. Probablement avec une amplitude de plus en plus grande si l’économie continue d’en dépendre alors que les ressources s’épuisent. Attend… Pourquoi plus d’amplitude là ? Parce que sur les marchés financiers, les prix sont le reflet des avis des investisseurs. Plus les incertitudes sur la valeur d’un actif sont grandes, plus les financiers peuvent changer d’avis rapidement et brutalement. Le pétrole est une ressource dont on ne peut pas se passer pour le moment. Pourtant, il est certain que l’offre ne peut pas augmenter indéfiniment ni même se maintenir : le pic pétrolier à venir et la baisse du taux de retour énergétique vont tôt ou tard finir par contraindre l’offre. Or, tant qu’on ne prend pas le chemin d’un abandon du pétrole comme source d’énergie primaire, on fonce droit dans le mur de cette contrainte. Plus ce mur se rapproche, plus les financiers risquent d’anticiper et de changer d’avis dans leurs prédictions, entre des scénarios extrêmes, avec soit un prix du pétrole très élevé, soit un pétrole qui ne vaut plus rien. Attend comment ça ? Quel genre de scénario pourrait mener à un pétrole hyper cher ou à un pétrole qui vaut zéro… Et bien imagine que la contrainte se fasse sentir, que la perspective d’un TRE trop faible ou d’une quantité de pétrole extraite qui ne peut plus augmenter devienne palpable. On pourrait imaginer que les états du monde combinent leurs efforts en vue de trouver une solution. Mettons que celle-ci soit trouvée, mettons que la fusion devienne rentable. Le plan pourrait ressembler à quelque chose comme : on passe au tout électrique d’ici 10 ans. Face à cela, la réaction des pays producteurs de pétrole sera nécessairement : puisque mes réserves de pétroles ne serviront plus à rien d’ici 10 ans, il faut que les vende maintenant, tant qu’il y a encore une demande. On pourrait avoir alors une très forte ouverture des robinets partout dans le monde, une période de solde massive sur le pétrole, menant à une baisse très importante de son prix. Autre scénario : la fusion ne fonctionne pas, le pétrole reste irremplaçable. Les états commencent à se faire la guerre pour cette ressource afin de maintenir leur niveau de vie. La demande reste forte alors que l’offre, au fil des puits qui s’épuisent les uns après les autres, diminue inexorablement… Le pétrole garde son statut d’or noir et son prix bat tous les records. Ah ouais… Plus le mur de la contrainte sur l’offre de pétrole se rapproche, plus les financiers sont susceptibles de parier sur ce genre de scénario et de changer d’avis entre pétrole extrêmement cher et pétrole qui ne vaut rien, faisant ainsi sauter les prix dans un sens et dans l’autre avec une amplitude toujours plus forte. Sur les marchés financiers c’est souvent comme ça se passe, plus la tension est grande, plus les esprits s’échauffent, plus les prix se mettent à sauter dans tous les sens. Encore un bon épisode bien anxiogène… Allez c’est le moment de résumer tout ça. Tant que le pétrole reste une source d’énergie, il faut se poser la question du rendement. Combien de barils de pétrole servent à faire tourner la filière pétrolière comparé à combien de baril peuvent être utilisés pour faire fonctionner nos sociétés modernes. On parle de taux de retour énergétique ou TRE. C’est une notion cruciale, car une société complexe et diversifiée comme la nôtre ne peut se maintenir que parce que la population trouve le temps et dispose des infrastructures nécessaires pour s’intéresser à autre chose qu’à assurer le maintien de l’apport énergétique. Si la grande majorité de la population devait travailler dans les champs ou dans des mines de charbon, nous ne pourrions pas maintenir un mode de vie nécessitant une forte spécialisation des individus dans des domaines très divers. La question est donc centrale : quel est le TRE du pétrole et comment celui-ci va-t-il évoluer ? La réponse est complexe mais en gros : Le TRE moyen, tous pétroles confondus, se situe autour de 1 pour 20 à l’heure actuelle et il semblerait, malgré toutes les difficultés de calculs, que la tendance soit baissière. En effet, on commence à très sérieusement envisager que la production mondiale de pétrole conventionnel n’augmentera plus, voire même qu’elle va commencer à diminuer, et qu’il va falloir désormais compter de plus en plus sur des pétroles dits non-conventionnels : pétrole de schiste légers et sables bitumineux extra lourds. Or, ces pétroles non conventionnels ont des TRE déjà très faibles à l’heure actuelle. Sans compter que l’extraction de tous ces pétroles, qu’ils soient conventionnels ou non et parce que nous avons tendance à aller les chercher là où c’est le plus facile d’abord, va devenir de plus en plus énergivore. On pourrait alors objecter que le progrès technique n’a pas fini de nous montrer de quoi il est capable ce qui est tout à fait correct. Le progrès peut nous aider quant à l’efficacité des machines et dans les limites de ce que permet la deuxième loi de la thermodynamique. Cela dit, le progrès ne pourra jamais aller à l’encontre d’une réalité physique : l’extraction d’une même ressource enfouie plus profondément et de manière moins concentrée nécessite forcément plus d’énergie. Plutôt qu’à cause d’un pic pétrolier provoqué par la rareté de la ressource, l’âge du pétrole pourrait bien prendre fin à cause de la diminution de son rendement énergétique. Et si cette diminution est inéluctable, son impact sur les prix lui, demeure complètement imprévisible. Les scénarios de remplacements du pétrole ou de crise économique majeure lié à son manque sont tout à fait envisageables ce qui rend les prédictions très incertaines. Ce qui est peut-être plus prévisible, c’est que l’incertitude grandissante des marchés financiers vis-à-vis de l’avenir du pétrole va provoquer des changements de prix de plus en plus fréquents et de plus en plus violents. Merci à tous d’avoir regardé cette vidéo. Je voudrais faire une petite remarque sur le dernier point de ma conclusion, cette histoire de possible augmentation de volatilité des prix. Je mets ça ici parce que je ne voulais trop alourdir la vidéo. La remarque est donc la suivante : si les produits dérivés continuent de se démocratiser et parce que grâce à certains d’entre eux, il est possible de parier sur l’augmentation ou la diminution de la volatilité des prix du pétrole, alors l’argument de l’impossibilité de trouver une tendance dans de la forme de la courbe s’applique. En gros, de la même manière que je ne peux pas prédire l’avenir du prix du pétrole en regardant la forme de la courbe de prix parce que tout le monde peut prendre des paris sur le prix du pétrole, je ne peux pas non plus prédire l’avenir de la volatilité du pétrole en regardant la forme de la courbe de volatilité… Parce que tout le monde peut parier sur l’évolution de cette volatilité. C’est toujours cette histoire de tendances qui disparaissent si suffisamment de monde les cherchent. Du coup, plutôt qu’une hausse générale de la volatilité, peut-être qu’une augmentation de la volatilité de la volatilité est plus probable… Enfin, jusqu’à ce qu’il soit possible de parier massivement là-dessus aussi. Et c’est ptet déjà le cas d’ailleurs en fait j’en sais rien. Bon voilà, c’était juste pour vous embrouiller un peu plus… Je vous laisse avec ça pour méditer. Sur ce merci à tous les Tipeurs pour votre soutien financier indéfectible qui me permet de continuer mon travail. Merci à tous ceux qui commentent, qui s’abonnent, qui like… Et à très bientôt pour un prochain épisode.